vendredi 23 août 2013

Suite de la préparation de la première évasion

Le boulanger était d'accord de me prendre à sa boulangerie. Cela était plus qu'il ne m'en fallait. Le patron boulanger allait dont faire une demande au bureau d'embauche. Je dois préciser que cet homme avait été gravement blessé à Verdun, fut opéré et soigné en France et rapatrié en Allemagne après sa guérison totale début 1918. Ce allemand disait souvent qu'il aimait bien les français à qui il devait la vie. Il traitait son prisonnier comme le fils de la famille. Je crois que je ne pouvais tomber  mieux. Quelques jours après la démarche du boulanger, j'étais convoqué par l'homme de confiance du Camp, un Alsacien, peut-être devenu Allemand - mais très chic. L'accord conclu je pouvais prendre ce travail. Le premier contact avec le boulanger était bon : café, lait pain de bonne fabrication. Désignation de mon travail : j'étais chargé de tenir les sols de l'atelier et de la cour en état de propreté constante, entretien des fours et de l'outillage de fabrication et de manutention du pain. Le chauffage au gaz ou électricité n'existant pas. Préparation à l'allumage. C'était des taches bien précises et permanentes demandant 3 à 4 heures de travail sur les 10 heures de présence.
Mon projet d'évasion par les égouts tenait toujours, mieux encore - j'allais pouvoir obtenir des renseignements sur cette fosse de décantation, l'emplacement de la gare, le moyen d'accéder aux wagons de marchandises, les heures de départ des trains de marchandises pour la Suisse - mon objectif étant Weil à 2 pas de la gare de Bâle.
Après quelques jours de travail, le patron vint me demander si je voulais bien travailler quelques heures par jour chez une voisine. Vu le peu de travail à faire à la boulangerie j'étais un peu obligé d'accepter. Cette voisine m'avait aperçu à plusieurs reprises dans la cour de l'atelier de la boulangerie. Je serais chargé de cirer meubles et parquets de son appartement, nettoyage de bibelots, lustres, etc... L'appartement était situé dans le même immeuble que la boulangerie, on pouvait y passer sans mettre les pieds dehors.
Le premier jour de mes nouvelles "fonctions" j'ai visité un appartement très luxueux. J'avais de suite remarqué qu'on y voyait de nombreuses gravures militaires et diplômes au nom d'un capitaine de S.S. avec décoration de croix de guerre nazi. Je me suis un peu arrêtée devant ce diplôme. La dame m'a alors dit que c'était son mari en France en 1940. Parlant français d'une manière exceptionnelle elle m'a dit que son mari était actuellement en France ou en Pologne, elle était sans nouvelles de lui depuis 1 mois. Le temps passe, j'en suis au 10ième jour de ma présence chez elle. Je suis assez libre et confiant pour lui avouer que mon seul désir était de m'échapper de cette prison le plus rapidement que possible. Spontanément elle m'a assuré qu'elle me comprenait et me donnerait même les moyens pour y arriver.
J'acceptais sa complicité en lui précisant bien que j'avais deux devoirs, l'un de regagner mon Pays, l'autre d'éviter tout ce qui pourrait apporter le moindre doute sur sa complicité. Je lui demandais de me fournir les renseignements concernant la fosse de décantation. Le lendemain - s'étant rendue elle même sur les lieux - j'étais renseignée, il était très possible de sortir de l'égout, la fosse n'étant pas un obstacle. La fosse se trouvait sur une petite route de forêt rattachée à proximité à une route normale menant à Augsbourg. De là, je pourrais me rendre de nuit à la gare de marchandises où je pensais avoir la chance de prendre le premier train à 3 heures du matin. Ce train allait jusqu'à Fribourg. Je ne pensais pas pouvoir aller plus loin avec ce moyen sans risques mais cela est dans le "métier". Dans une évasion il n'y a que risques et chances, il faut simplement oser et surtout vouloir. Après avoir exposé ce projet, ma complice me dit - après avoir réfléchi - qu'elle ferait autre chose et sans risque : je sortirais du camp par les égouts comme prévu, un véhicule militaire conduit par son amie du Parti m'attendrait au croisement des 2 chemins en position de départ pour Augsbourg.



















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